top of page
Photo du rédacteurEmmanuel Rials

Le grand mystère de la musique classique : quand applaudir sans passer pour un novice ?

illustration de musique classique, quand applaudir ?
musique classique, quand applaudir ?

Il est 20h30 au Musikverein de Vienne. L'orchestre vient d'achever le premier mouvement de la 5e Symphonie de Mahler. Un silence pesant s'installe. Quelques mains s'élèvent timidement, prêtes à applaudir, mais se ravisent aussitôt sous le regard désapprobateur des voisins. Cette scène, vécue des milliers de fois dans les salles de concert du monde entier, illustre parfaitement le dilemme qui tenaille tant de mélomanes : en musique classique, quand applaudir ?


L'histoire surprenante des applaudissements en musique classique


Contrairement à une idée reçue, l'interdiction d'applaudir entre les mouvements est une convention relativement récente. Au XVIIIe siècle, le public manifestait spontanément son enthousiasme, parfois même au beau milieu d'un mouvement ! Mozart, dans une lettre à son père, se réjouissait des applaudissements qui avaient éclaté pendant l'exécution de sa Symphonie "Paris" : "Au milieu du premier allegro, il y eut un passage que je savais devoir plaire. Le public fut transporté et les applaudissements fusèrent."


La révolution du silence en musique classique : quand applaudir devint tabou


C'est au XIXe siècle que les choses changèrent radicalement. Richard Wagner, en 1882, fut l'un des premiers à imposer le silence total lors des représentations de Parsifal à Bayreuth. Cette nouvelle tradition fut rapidement adoptée par l'élite musicale européenne, créant ainsi une forme de "sacralisation" du concert classique.


Les règles contemporaines : musique classique quand applaudir ?


Aujourd'hui, voici les moments où il est généralement admis d'applaudir :


1. À l'entrée du chef d'orchestre et du soliste

2. À la fin de l'œuvre complète

3. Lors des rappels


Les exceptions qui confirment la règle


Certaines œuvres appellent des réactions particulières :

- Les opéras, où il est courant d'applaudir après les airs célèbres

- Les concertos virtuoses, où une cadence particulièrement impressionnante peut susciter des applaudissements

- Les récitals de jazz classique, où les conventions sont plus souples


Anecdotes et situations mémorables


L'histoire de la musique regorge d'incidents liés aux applaudissements. En 1962, Glenn Gould interpréta le Concerto n°1 de Brahms sous la direction de Leonard Bernstein. Ce dernier, en désaccord avec l'interprétation excessivement lente de Gould, prit la parole avant le concert pour se désolidariser de cette version. Le public, désorienté, ne sut pas s'il devait applaudir à la fin !


Les faux pas célèbres


Même les personnalités les plus en vue peuvent se tromper. En 2015, lors d'un concert à la Philharmonie de Paris, un ministre de la Culture applaudit entre les mouvements d'une symphonie de Bruckner, provoquant un moment de gêne collective.


L'évolution des mentalités


De plus en plus de chefs d'orchestre militent pour un assouplissement des règles. Simon Rattle a déclaré : "La musique doit rester vivante. Si le public ressent le besoin d'applaudir, c'est que nous avons réussi notre mission."


Les nouvelles pratiques internationales


Les traditions varient selon les pays :

- Au Japon : silence religieux

- En Italie : ambiance plus démonstrative

- Aux États-Unis : tendance à l'assouplissement des conventions


Conseils pratiques pour ne jamais se tromper


1. Consultez le programme : il indique souvent le nombre de mouvements

2. Observez le chef d'orchestre : s'il garde les bras levés entre les mouvements, retenez vos applaudissements

3. Attendez que les autres commencent

4. En cas de doute, patientez quelques secondes


Vers une nouvelle étiquette ?


L'étiquette des concerts évolue avec son temps. Si les puristes défendent encore le silence absolu entre les mouvements, une nouvelle génération de musiciens et de mélomanes plaide pour plus de spontanéité. L'essentiel reste le respect de l'œuvre et des artistes.


Cet article montre bien que la question "en musique classique, quand applaudir ?" n'a pas de réponse unique. Les conventions évoluent, et c'est peut-être tant mieux pour l'avenir de cet art séculaire qui doit rester vivant et accessible.

0 commentaire

Comments


bottom of page